Cette semaine, tapis rouge pour Arnaud Ghys, artisan-photographe qui cultive l’authenticité. Licencié en sociologie, il a cotoyé le secteur des ONG avant de se lancer dans le métier. En observant ses clichés, on perçoit la fibre sociale et les traces de son parcours. Minimisant volontairement la retouche de ses photos, il est à l’affut des expressions les plus authentiques : il capture des instants de vie et d’émotions, des scènes qui donnent envie d’y regarder plus près pour capter les sentiments de ses sujets.

Comment en est-il arrivé là ?

Arnaud a toujours aimé la photo. Avec la venue au monde de ses enfants, l’utilisation régulière d’un appareil est devenu une évidence. La vie de famille et la vie en ville représentent alors de nouveaux mondes à photographier. A l’aube de ses 40 ans, le choix d’une reconversion professionnelle le mène à persévérer dans cette voie. Il se passionne pour l’histoire de la photographie, une manière d’approcher le métier comme un artisan qui apprend à manier ses outils, prenant humblement sa place dans cette voie artistique.

Inspiré par l’humanité…et la magie !

Lorsque je lui demande d’évoquer ceux qui l’ont amené à la photographie, Arnaud me cite Robert Doisneau, Edouard Bouba, Dorothea Lange, Henri Cartier Bresson. Des auteurs de clichés qui nous plongent dans l’ambiance d’une époque. Dans ce style, Arnaud capture des instants qu’il qualifie de concrets et descriptifs…mais auxquels il tente toujours de lier une dimension immatérielle, proche du réalisme magique « Presque malgré moi, je photographie souvent cette forme de joie un peu sacrée, comme des petites raisons de vivre à collectionner ».

Comme beaucoup, Arnaud a d’abord photographié sa famille. Mais il lui est difficile d’évaluer les clichés de ses enfants, de prendre la distance nécessaire pour un point de vue objectif : « comment juger une photo sans se laisser influencer par tout l’amour qu’on leur porte ? »

Une double dimension qu’il illustre également en citant le témoignage du photographe Lewis H. Hine, également sociologue, qui a mené des reportages sur le travail des enfants : « Il disait qu’il photographiait deux choses : ce qui doit être changé et ce qui doit être protégé.»  L’œil du photographe et le cœur de l’homme.

Portraits…tout nu

En 2012, Arnaud a initié le projet « vus nus » : des portrait d’hommes et de femmes photographiés nus, avec un cadrage limité de la tête aux épaules. Lorsqu’il m’a parlé de ce projet, il m’a confié que parmi ces portraits, une femme avait refusé de poser entièrement nue. Si le cliché ne peut le révéler en image, cette différence est perceptible dans les expressions du visage, comme un reflet du ressenti que l’on perçoit au fond des yeux. Une touche de magie qui impose un temps d’observation (mais qu’en est-il de ce portrait-ci… ?).

Black & white blues

Aujourd’hui, Arnaud côtoie l’univers des concerts de jazz pour un nouveau projet : des clichés noir et blanc qu’il exposera à la rentrée, dans un lieu qui sera révélé prochainement (rendez-vous sur sa page Facebook).

Les artistes qui l’inspirent

Pour le côté magique et  surréaliste : Manuel Alvarez Bravo et Sergio Larrain.

Pour les effets de lumière : André Kertesz et  Joseph Sudek

Pour la belgitude nostalgique : Stéphan Vanfleteren

Pour l’inspiration : une partie de l’oeuvre d’Henry Cartier-Bresson, sur le site de Artsy, dont l’objectif est de rendre l’art accessible à tous.

Et aussi : Emmet Gowin pour l’intimité décallée, Harry Gruyaert pour les couleurs, Michael Ackerman pour le côté punk, et Benoit Paillé pour les hallucinations…

Poursuivre la découverte

Découvrez l’atelier d’Arnaud : www.arnaudghys.be et sa page Facebook

Et quelques projets qu’il a mené pour ses clients :

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